Trop difficile, cette nouvelle règle ?
24/11/2014
Trop difficile, cette nouvelle règle ?
Entendu, hier soir sur RTL, dans la bouche de journalistes politiques pourtant rompus aux joutes oratoires : « Généralement, il y a une enquête qui est fait... », « une loi qui n'a pas encore été soumis au Parlement ».
L'auxiliaire, dans les deux cas, est très clairement être. L'accord aurait dû aller de soi et, soit dit en passant, les féministes qui pestent, quelquefois avec raison, contre les relents misogynes de notre syntaxe et militent pour la féminisation des titres et des noms de métiers feraient bien de s'insurger aussi contre ces tours fautifs !
Mais mon propos est autre aujourd'hui. Je constate que, si elle venait à être adoptée, la nouvelle règle (si je puis m'exprimer ainsi) de l'accord du participe passé est mort-née, puisque d'ores et déjà bafouée dans les faits. Nos apprentis sorciers sont donc en retard d'une guerre. Il faut aller plus loin et décréter l'invariabilité du participe passé dans tous les cas de figure, que ce soit avec être ou avec avoir. De toute façon, le credo des réformateurs n'est-il pas de voir dans l'usage, fût-il défectueux, les prémices d'une logique nouvelle ?
On est d'ailleurs fondé à se demander si, dans la foulée, l'invariabilité de l'adjectif ne devrait pas être mise à l'ordre du jour. Et, à tant faire, l'existence même des genres. L'anglais ne s'en passe-t-il pas ?
Quand donc comprendra-t-on que le problème vient moins de la règle que de la paresse de l'utilisateur ? Allez jusqu'à l'orthographe phonétique, vous verrez que les fautes abonderont tout autant qu'auparavant.
Ah ! j'allais oublier : la photo qui illustre ce billet a fait le tour de la Toile, amusée que les rédacteurs du sacro-saint Bled aient pu se laisser prendre à un de leurs propres pièges. Mais les promoteurs de la nouvelle orthographe verront sans doute dans ce dérapage « l'application instinctive d'une logique grammaticale en passe de se substituer à des logiques antérieures » ! Avant de nous proposer une nouvelle règle, plus adaptée aux besoins – je n'ose écrire aux exigences – de l'écriture d'aujourd'hui : quand le verbe fait suite au pronom « vous », il se termine par « ez », quand bien même il s'agirait d'un infinitif. D'ailleurs, n'est-ce pas depuis longtemps ce qui se pratique dans les copies, et jusqu'à bac + 5 ?
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